Jihad, centrale du crime ou épicentre d’une nouvelle pandémie ? Une réponse en sept points
1/ Quelques milliers de jeunes gens en Europe se prépareraient au pseudo « jihad », et tout le monde s’en alarme – à tort ! Nous devrions être beaucoup plus pragmatique : s’ils veulent partir qu’ils partent – ce sera autant de fous criminels en puissance que nous n’aurons pas à surveiller sur le territoire ! Et, comme en Irak ou en Syrie, ils vont agresser les tréfonds de notre civilisation et défier le sens commun de la plus grande partie du monde, qu’ils restent donc chez les égorgeurs, imprécateurs et assassins ! Et que s’ils veulent revenir, que ce soit avec des garanties de « guérison » indubitables et, qu’en tous les cas, on les mette en « quarantaine » aussi longtemps qu’il le faudra. Toutes les discussions sur l’indignité nationale et tutti quanti sont évidemment hors de propos !
Si l’envie nous restait, par égard à leurs familles souvent consternées, de tenter de dissuader ceux qui sont sur le départ pour le pays des égorgeurs : qu’on leur mette la main dessus et qu’on leur fasse bien regarder tous les documents vidéos déclarations en tous genres etc... qui font état des horreur perpétrées par les fous furieux de Boko-Aram, du soi-disant Etat islamique voire par les hordes talibanesques révolvérisant, au milieu de stades remplis d’abrutis à la mine réjouie, de pauvres femmes accusées d’adultère ou de pauvres types voire des enfants en train de se faire écraser le bras ou couper la main sous le prétexte de menus larcins (le 12 janvier dernier, les dignes serviteurs criminels de l’Etat islamique ont massacré en place publique, devant leurs parents, douze enfants coupables d’avoir regardé un match de foot à la télévision…). Et surtout que l’authenticité de ces preuves soit indiscutable ! Mais même à ce prix, il n’est pas si certain qu’on les amène à résipiscence !
Ces propos sembleront virulents voire insupportables à certains. Que ces derniers se disent bien que hormis cas exceptionnels, dans nos pays, les candidats au jihad ne sont plus des enfants. Ils ont « l’âge de raison », donc l’âge de savoir qu’ils optent pour associer leur destin à des criminels archaïques qui n’ont aucune considération ni pour les femmes ni pour les enfants ni pour quiconque (la plus grande parie de l’humanité) qui ne partagerait pas leur paranoïa destructrice. Ce sont ces criminels à peine imaginables qui au début du mois de janvier 2015 sont allés jusqu’à brûler vif un homme enfermé dans une cage. Ils ne méritent de notre part que les garanties offertes par la loi même aux assassins les plus répugnants : c’est la grandeur de notre société. Mais que ceux qui ont le désir de les rejoindre DONC QUI APPROUVENT LEURS FORFAITS ne nous demandent pas en plus de la commisération ! A moins qu’ils ne s’agissent de victimes d’une pandémie – hypothèse qui sera explorée plus loin mais qui, en tout état de cause, ne les exonèrerait pas de toute responsabilité si elle était corroborée.
2/ Le mot jihad, utilisé ad nauseam par les commentateurs de tous poils à propos de ces pitoyables aventures, est d’ailleurs fort mal venu. En arabe classique, jihad veut dire simplement effort – quel que soit la nature de cet effort. Ce mot n’est donc pas du ressort exclusif de la théologie comme certains l’ont prétendu. Ce n’est que par extension que le jihad va prendre un sens religieux, avec trois acceptions différentes. Au premier sens, le mot désigne l’effort qu’on doit produire pour devenir meilleur et contribuer à l’amélioration de la société. Au deuxième, l’effort d’interprétation de la parole de Dieu – le mot ijtihad (interprétation) est d’ailleurs construit sur le mot jihad (effort). Au troisième, le combat au sens guerrier qu’il faut mener pour défendre l’islam (dar-islam, la maison de l’islam) s’il est attaqué. Ce combat obéit à des règles précises : il proscrit toute effusion de sang inutile ainsi que la sauvegarde des populations non combattantes. Au sens guerrier du terme, le jihad est donc défensif – même un radical comme Zawahiri, devenu à la mort de Ben Laden le leader-penseur d’Al-Qaida, le reconnaît. La question évidemment est de savoir ce qu’est ou n’est pas une guerre défensive. Pour les extrémistes, l’islam est attaqué de l’intérieur par les mauvais musulmans (le plus gros des populations musulmanes à leurs yeux !), et de l’extérieur « par les juifs et les croisés ». Tuer et assassiner les uns et les autres est donc non seulement permis mais encouragé (une interprétation obscurantiste de la sourate IX, celle du «sabre », peut aller dans ce sens inepte).
La limite asymptotique de cette conception de la guerre « défensive » revient à éliminer ou à terroriser une bonne partie de l’humanité !
Autant dire que tous ceux qui de près ou de loin adhèrent aux thèses éradicatrices de Daesh, de Boko Aram voire d’Al Qaïda et de ses satellites sont des ennemis de l’humanité qui, en tant que tels, doivent être pourchassés et combattus, où que ce soit et autant qu’il est possible. Que ne connaissent-ils dans leur pitoyable ignorance Salah – Al dînh – un guerrier pieux et généreux, défenseur de l’islam contre les croisés, qui laissera la vie sauve (ce qui n’était guère dans l’air du temps), à tous les habitants de Jérusalem qui pourront partir avec leurs biens…
Au passage, que les petits délinquants, subitement retournés et candidats, parmi d’autres au pseudo « jihad », trouvent certainement légitime qu’on coupe la main voire le pied des petits voleurs, est à proprement parler stupéfiant : sous la férule de leurs nouveaux mentors, avant leur « conversion », on ne leur eut laissé probablement ni mains ni pieds et peut-être même pas la vie ! Encore que le syllogisme sous-jacent de cette remarque ne leur saute peut-être pas aux yeux : ceux qui sont empêtrés dans une croyance par imprégnation émotive ne sont pas prêts d’en sortir, encore moins quand ils souffrent d’une intelligence médiocre (peu stimulée par une école dont bien souvent ils n’ont pas su reconnaître l’intérêt, quand bien même cette dernière eut-elle des défauts). Toute nouvelle preuve contraire à l’encontre de cette croyance est jugée mensongère voire diabolique et ne fait que la renforcer.
3/ Pourquoi maintenant cette manie chez nombre de jeunes gens d’origines si différentes de rejoindre les égorgeurs ? On a le devoir de se poser la question, encore que la ou les réponses ne constituent guère de véritables guides de prévention.
Premier constat : ce n’est pas la première fois que des gamins sans rimes ni raisons s’assemblent dieu sait pourquoi et comment en vue d’une entreprise mythique quoique scélérate. Internet n’existait pas, quand au XIVe siècle des milliers d’enfants, les « Pastoureaux », enflammés par les prêches incendiaires de clercs dévoyés, sous prétexte de combattre les infidèles (musulmans), convergent de toutes parts, et vont perpétrer massacres, pillages et pogroms à l’encontre des Juifs ; ils seront fermement condamnés par le pape, et finalement écrasés par deux armées royales aux portes d’Albi. En 1320, les derniers « Pastoureaux » à la traîne seront pendus….
Deuxième constat : cette aventure criminelle perpétrée par des adolescents ressemble à ce que nous connaissons aujourd’hui : d’un côté, cervelles faiblardes et esprits incultes faciles à entraîner sur les pires chemins, et jeunes esprits, plus distingués, en quête d’idéal ou d’aventures ; de l’autre, clercs extrémistes mauvais bergers, et autorités religieuses « orthodoxes » qui les condamnent. Bref, tout y est ou presque, et d’abord cette sorte de radicalisme enragé qui fait florès sur les réseaux sociaux et prétend purifier l’islam de ses apostats (murtads), éradiquer la planète « des croisés et des juifs », le monde entier de ses turpitudes, et finalement, à n’importe quel prix, établir le royaume de Dieu sur terre.
Remarque de poids : nous sommes tentés d’imaginer les banlieues françaises en guerre larvée (en attendant mieux !) contre un pays qui serait honni par la plupart de ses habitants post immigrés. Il y a du vrai dans cette vision qui reste cependant très parcellaire pour de multiples raisons dont l’une est essentielle : ces pseudos ghettos n’en sont pas parce que le taux de rotation des populations des fameux quartiers est à peu près le même que celui des autres territoires. Les jeunes femmes et jeunes hommes de ces quartiers les quittent dès qu’ils le peuvent, autrement dit dès qu’ils ont réussi leur parcours scolaire (la proximité de bonnes universités leur facilite la tâche) : ce sont eux qu’on retrouve dans les affaires, dans les prétoires, dans les laboratoires, dans les galeries d’art, sur les écrans de cinéma ou de la télévision, sur les scènes de théâtre... Bref, ils réussissent un peu partout et d’autant mieux qu’ils sont pluriculturels, donc préparés à la mondialisation. Leur réussite est néanmoins silencieuse ou presque, alors que l’échec des ratés du système, pour l’instant minoritaires, fait un vacarme disproportionné qui porte injustement préjudice à tous les musulmans et à tous les immigrés de ce pays. Les médias, du moins certains d’entre eux, relaient et amplifient ce tohu-bohu en ressassant avec un bien faible discernement le soi-disant échec de l’intégration – rumination qui alimente bien entendu les thèses de l’extrême droite.
4/ En Occident, des intellectuels de tous bords, d’ailleurs peu souvent au fait de l’islam, s’envoient à la figure des versets du coran en apparence contradictoires. L’enjeu étant de savoir, à les entendre, si l’islam est « soluble » dans la démocratie, et surtout si le « vrai » islam est celui qui cautionne les horreurs de Boko-Aram ou du pseudo Etat islamique, ou celui qui les condamne. En dehors du fait que sortis de leur contexte qui est au premier chef celui du coran dans sa totalité ces versets n’ont que peu ou pas de sens, ceux qui se posent ces questions sont en dehors de la réalité. S’ils étaient conscients de la réalité, ils ne demanderaient pas aux musulmans de tous les jours de condamner les éradicateurs ni aux imams de dissuader les jeunes gens de partir (encore que certains imams auto proclamés soient de vrais dangers publics à neutraliser le plus vite possible !) - tout simplement parce que ces éradicateurs ne relèvent pas de la religion mais de la sociologie de la santé !
On remarquera que si la compréhension de tel ou tel verset du coran exige beaucoup de science philologique et une longue pratique de l’herméneutique, la plupart des prédicateurs extrémistes devraient être renvoyés in petto à de vraies études (et d’abord sur les bancs de l’école !), et non à quelques opinions d’ulémas souvent à peine moins ignares qu’eux… mais c’est encore une autre histoire !
En attendant, quelle est donc cette réalité ? Nous sommes confrontés à une nouvelle pandémie bien pire que celle d’Ebola ou du Sida : elle transforme en criminels ceux qui sont sensibles aux discours pernicieux proférés par ceux-là même qui sont déjà atteints. Ils deviennent à leur tour des pestiférés, ou si l’on veut des drogués capables d’utiliser les technologies les plus avancées pour réaliser leurs desseins criminels – lesquels n’ont de religieux que des apparences trompeuses (toutes les autorités sunnites les condamnent, et les chi’ites les combattent).
Il est vital de savoir que nous ne sommes confrontés ni à une guerre de religion ni à une guerre de civilisations, mais à une menace d’une toute autre nature. L’humanité est confrontée à une nouvelle peste de nature mentale qu’elle doit combattre avec d’autant plus courage, de détermination et d’intelligence que ses propres enfants risquent d’être contaminés, et que cette peste annihile le sens critique de ceux qui sont atteints. C’est bien pourquoi, il est vain, ou peu s’en faut, de tenter de les convaincre. Nous ne sommes pas dans la théologie mais dans l’épidémiologie - et si tel est le cas on ne voit pas bien, en effet, comment on pourrait adjurer un pestiféré de sortir de sa peste !
5/ En épidémiologie, il est le plus souvent nécessaire de comprendre le processus qui a conduit à une épidémie a fortiori une pandémie. Pour ce ce qui concerne l’idéologie éradicatrice, qui a suscité l’apparition d’une nouvelle secte des assassins, le facteur déclenchant fut le wahhabisme. Parti des déserts de l’Arabie au XVIIIe siècle, combattu par les Ottomans, mais revigoré par les Saoud - enrichis par le pétrole et protégés par les Etats Unis -, ce virus s’est diffusé lentement mais surement de par le monde. Dès les années 1980, on trouvait des ouvrages et des cassettes d’inspiration wahhabite (mais aussi des Frères musulmans) sur les marchés de toutes grandes villes du Maghreb, du Sahel, de Malaisie et d’Indonésie…
A l’origine, il n’était pas question de violences, mais d’un piétisme de plus en plus vétilleux prétendument inspiré de l’islam des origines (salafisme) : progressivement on a vu les femmes se voiler dans le monde musulman, refuser de tendre la main aux hommes (et réciproquement), de s’afficher en tenue traditionnelle etc… Cette idéologie rigoriste, peu soucieuse de vraie spiritualité, superficielle parce qu’entichée d’apparences, s’est bardée progressivement de pratiques sectaires, d’interdits multiples et évidemment du souci de faire respecter ces derniers si nécessaire par la force.
On connaît la suite : le 11 septembre conduit Bush et les néoconservateurs à ce désastre que fut la troisième guerre du Golf (2003), et surtout, après la victoire, le licenciement de l’armée irakienne… Sans compter auparavant cet autre séisme que fut la révolution iranienne (1979) et ses ondes manifestes sur l’ensemble du monde musulman soucieux de revanche et d’émancipation des influences occidentales. Les rigorismes de tous acabits, celui des wahhabites, mais aussi celui concurrent des Frères musulmans et de l’Iran des mollahs qui s’en inspira, vont prospérer plus que jamais sur les ruines et les massacres – encore qu’à cette époque le faible niveau d’éducation et donc de sens critique des populations arabo musulmanes n’y ait pas été probablement pour peu. Sous prétexte de revenir à l’authenticité, les pratiques les plus rétrogrades et barbares comme la lapidation ou des amputations vont être jetées à la face de l’Occident de plus en plus considéré comme l’ennemi principal, avec en toile de fond les plaies mal refermées de la colonisation…
Un tournant va s’opérer à partir duquel la religion, et sans doute la politique, passent au second plan. Avec l’insurrection syrienne contre le régime honni de Bachar el Assad, les criminels les plus endurcis venus de tous les horizons vont l’emporter sur les authentiques révolutionnaires : c’est l’avènement du trop fameux Daesh, vis-à-vis duquel même Al-Qaïda semble prendre quelque distance, et a fortiori l’Arabie Saoudite qui commence à prendre peur – à jouer avec des allumettes chez ses voisins, on finit par mettre le feu chez soi ! L’Iran, enclin à soutenir Bachar el-Assad pour des raisons religieuses mais aussi géopolitiques, se méfie lui aussi de Daesh qui s’en prend à l’Irak chi’ite au point de le mettre en péril…
6/ Bref, wahhabites et salafistes ont cautionné une orthodoxie piétiste de plus en plus inquisitoriale et donc d’une certaine façon totalitaire. Comme toutes les idéologies totalitaires elle finit par déclarer la guerre à tous ceux qu’elles jugent impies (l’Algérie a été la première entre 1990 et 2000 à faire les frais de cette furia : 100 000 victimes environ) : la terreur est le mode de gouvernement des régimes totalitaires, théocratiques ou non… Guerres et massacres au Moyen orient vont exacerber les positions des extrémistes et attirer des criminels du monde entier qui vont mener une véritable guerre d’extermination aux « mauvais » musulmans (les chi’ites), et à tous ceux qui vivent dans la gentilité (les chrétiens, les juifs et les « apostats » sunnites). De fil en aiguille, ces enragés (qui de facto ne sont plus dans quelque religion que ce soit) finissent pas s’en prendre à tous ceux qui ne « pensent » pas comme eux, autrement dit la plus grande partie de l’humanité. Totalement dépourvus de compassion, endoctrinés jusqu’à devenir de véritables machines du crime, il faut les considérer comme les victimes et, en même temps, les agents actifs d’une pandémie dévastatrice - l’une des plus dangereuses que nous ayons connues depuis plus de soixante dix ans, pour laquelle probablement, il n’existera jamais quelque traitement où vaccin que ce soit. Dans l’immédiat, la seule arme à leur encontre (hélas) : la neutralisation ou l’isolement. Encore faut-il le savoir.
A un horizon plus éloigné, une éducation intelligente, critique, et généreuse des jeunes enfants serait la vraie prévention de l’extrémisme. D’ici-là, tenter de substituer à l’idéologie de l’éradication celle de la lutte pacifique contre les injustices du monde et pour une survie heureuse de notre humanité serait sans doute la meilleure stratégie dans le fond et la forme. Aux furieux, la raison critique est quasi hors d’atteinte : on ne peut répondre à une passion, fût-elle corrosive, que par une autre de nature différente, mais malheureusement sans garantie de succès.
7/ Quant à l’idée de réformer l’islam comme le souhaitent certains intellectuels musulmans, elle est très certainement généreuse, mais manque sa cible pour au moins trois raisons. Première raison : l’islam ne jouit d’aucune centralité du magister ou du dogme (les avis d’Al-Azhar comptent dans le monde sunnite, mais n’ont aucun caractère contraignant – Al-Ahzar condamne d’ailleurs haut et fort les agissements de Daesh). Chaque croyant est renvoyé comme autrefois les Réformés en Europe à son interprétation, ou plus précisément à celle de sa « communauté », ou encore à celle d’un savant ou d’un maître en piété dont la « science » en religion est souvent problématique. La réforme ne pourrait venir que d’un quasi schisme mené par des « dissidents éclairés ». Deuxième raison : les égorgeurs ne sont même plus dans l’interprétation de quoi que ce soit : ils sont dans une sorte de paranoïa collective, en quête d’une vague légitimation-alibi religieuse de leurs forfaits. Troisième raison : on a la pratique de la religion qu’on mérite : la question est moins de réformer l’islam que les musulmans et les sociétés politiques dans lesquelles évolue la majorité d’entre eux.
Les signes du changement, en dépit des turbulences, ne peuvent être niés, mais deux sont fondamentaux. Dans la plupart des pays musulmans, la presque totalité des enfants est aujourd’hui scolarisée, au moins au niveau primaire. La baisse rapide de la fécondité dans les mêmes pays est très probablement le signe d’une modification des relations hommes femmes, qui elle-même préfigure certainement des changements sociopolitiques majeurs. Les révolutions arabes, auraient-elles échoué pour l’instant (hormis la Tunisie), sont annonciatrices de l’entrée de ces sociétés dans une modernité que les philosophes de la falsafa ont contribué à élaborer entre le IXe et le XIVe siècle. C’est bien pourquoi les ennemis de la modernité et de la liberté redoublent de violence : les moins obtus savent bien au fond d’eux-mêmes que leur combat criminel est sans issue, ce qui décuple leur exaspération, leur fureur et leur barbarie.
L’islam redeviendra un islam des Lumières lorsque ses penseurs, ses artistes et ses intellectuels seront au plus haut niveau. Que leur légitimation résidera, non dans une aura de superstition et de violence, mais dans la reconnaissance de leurs œuvres par la communauté internationale – que ce soit celles de la science, des arts, des techniques, de la politique ou de la littérature. Tout laisse penser en dépit d’apparences fâcheuses qu’on n’en est pas si loin. Il suffit de lire le nom des auteurs des livres, des essais, des films, des manifestations artistiques en vue dans les pays de libre expression pour qu’on commence à s’en persuader.
Philippe Engelhard
Docteur en économie, enseignant chercheur et consultant. Mes premiers centres d’intérêt ont été les mathématiques, la philosophie, l’histoire puis la théorie économique. J'ai enseigné l’économie et la finance à l’Université de Dakar et à l’Université du Maine, et coordonné pendant plusieurs années les programmes et les recherches d’une ONG internationale liée aux Nations Unies. Mes recherches ont porté à l’origine sur l’analyse financière, la théorie monétaire et l’épistémologie. Je me suis plus particulièrement attaché depuis vingt ans aux problèmes de développement, à la mondialisation, à la géopolitique ainsi qu’à la philosophie politique et sociale. Je travaille actuellement en collaboration avec une équipe du CNRS (Netsuds) sur les conséquences sociétales et économiques des TIC. J'ai notamment écrit "l’Homme mondial" (1996), "l’Afrique miroir du Monde" (1998), et "La Violence de l’histoire" (2001).